Monday, 29 March 2010

L'empire mystérieux de Méroé au musée du Louvre

Le mystérieux empire de Méroé aux pyramides singulières qui s'est développé sous l'Antiquité, dans le nord de l'actuel Soudan, livre quelques-uns de ses secrets le temps d'une exposition au musée du Louvre.
Près de deux cents oeuvres, dont la moitié proviennent du musée de Khartoum, sont présentées jusqu'au 6 septembre par le Louvre, qui a ouvert son premier chantier de fouilles au Soudan en 2007.



L'occasion de découvrir une civilisation méconnue qui s'est développée le long du Nil entre le IIIème siècle avant J.-C. et le IVème siècle après J.-C. et qui est "un exemple de multiculturalisme parfaitement réussi", souligne Guillemette Andreu, directrice du département des Antiquités égyptiennes au Louvre.
Héritière des "pharaons noirs" qui avaient conquis l'Egypte au VIIIème siècle avant notre ère, la civilisation méroïtique s'est développée en empruntant des traits culturels à l'Egypte pharaonique, à la Grèce puis à Rome, venus s'ajouter à un substrat africain.
"Ces influences très fortes ont fini par engendrer des productions culturelles, une écriture, des systèmes religieux totalement reconnaissables", souligne Mme Andreu, commissaire de l'exposition.
Installé dans le "pays de Kouch", dans la moyenne vallée du Nil, cet empire qui avait pour capitale Méroé (220 km au nord de l'actuelle Khartoum) s'est créé "une identité propre", tout en s'inspirant des grands mondes antiques qui l'environnaient, relève Mme Andreu.
Aujourd'hui on en connaît surtout les pyramides qui servaient de nécropoles aux souverains. Imitées des pyramides égyptiennes, elles sont nettement plus petites et leur pente est plus raide. Mais leur magie est intacte.
L'exposition, qui rassemble des objets prêtés par le Soudan mais aussi par des musées anglais, allemands et néerlandais, permet de découvrir une civilisation raffinée, très hiérarchisée, avec une monarchie puissante.
Le roi, guerrier infatigable, est souvent représenté comme un lion qui ne déteste pas dévorer ses ennemis ligotés.
Il y aussi "le roi archer", une très belle statue en bronze doré datant du IIème avant J.-C., exemple spectaculaire de la maîtrise des métaux par les méroïtes.
Le pouvoir peut échoir aux reines, les "candaces", parfois représentées en chefs de guerre. C'est une candace qui, vers l'an 25 avant J.-C., boute Rome hors des frontières de l'empire Méroé.
Polythéiste, le royaume a des dieux d'origine égyptienne comme Amon, souvent représenté en bélier. Ou Osiris, comme le montre un magnifique gobelet à décor peint et doré représentant des scènes d'offrandes au dieu des morts.
Apademak, lui, est un dieu local, chasseur et guerrier redoutable. Son épouse a un visage scarifié et des formes plantureuses. Le dieu grec a également sa place dans le panthéon méroïte.
L'écriture reste en partie mystérieuse. L'Empire méroïte, qui connaissait l'égyptien ancien et savait l'utiliser, a choisi d'être inventif. Il s'est doté de deux systèmes graphiques de 24 signes chacun, l'un hiéroglyphique (pour les textes religieux) et l'autre cursif.
Chaque signe équivaut à une syllabe. Depuis un siècle, on sait lire cette écriture mais on ne sait pas encore la comprendre. Récemment, le chercheur français Claude Rilly a progressé en allant écouter des langues parlées entre le Tchad et l'Erythrée, à la recherche d'indices. L'exposition présente une stèle qu'il est parvenu à traduire.
("Méroé. Un empire sur le Nil" jusqu'au 6 septembre. Musée du Louvre.
Catalogue coédité par le Louvre et Officina Libraria. 288 pages. 360 illustrations)

Source: AFP/Le Parisien

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